L’apparition et la progression de la presbytie sont des processus inéluctables et ce trouble ne s’améliore jamais spontanément. Aujourd’hui, en France, seule la chirurgie offre des solutions de prise en charge définitive de cette perte du pouvoir d’accommodation oculaire. Même si certains traitements médicamenteux ont été autorisés par la FDA aux Etats-Unis, ils ne le sont pas aujourd’hui sur le sol national, notamment pour leur efficacité encore remise en cause et leurs effets secondaires.
La presbytie : une affection évolutive inéluctable
La presbytie est un phénomène naturel lié au vieillissement du cristallin, qui perd progressivement son élasticité et donc sa capacité d’accommodation. Dès 45 ans, les premiers signes apparaissent : difficulté à voir de près et besoin d’éloigner les objets pour mieux lire. A ce stade, la puissance de la presbytie est de l’ordre de 0,75 à 1 dioptrie (D). Plus tard, la gêne s’accentue progressivement car la presbytie est une affection évolutive. Elle est en moyenne de 1,5 à 2D vers 50 ans. Enfin, entre 60 et 65 ans, la presbytie atteint un plateau avec une puissance stabilisée aux alentours de 2,5 à 3D. Cette évolution est cependant variable d’un individu à un autre et nécessite quoi qu’il en soit des ajustements réguliers de verres correcteurs.
Traitement chirurgical de la presbytie
La prise en charge chirurgicale de la presbytie peut se faire de différentes manières et donne un résultat définitivement stable une fois que le trouble visuel a cessé de progresser. Le Lasik et la PKR sont les deux méthodes laser qui permettent de corriger la presbytie et le remplacement du cristallin par une lentille artificielle constitue un troisième mode de prise en charge. Chacune de ces méthodes est plus ou moins adaptée à chaque patient et le choix du protocole optimal ne peut se faire qu’après un bilan préopératoire rigoureux.
Dans tous les cas, il est important de comprendre qu’aucun traitement chirurgical n’est susceptible de rendre à l’œil la capacité d’accommodation qu’il possède lorsqu’il est jeune. Ainsi, le principe du traitement est soit de dédier un œil à la vision proche et l’autre à la vision lointaine (stratégie de « monovision »), soit, sur chaque œil, de créer une zone pour voir de près et une autre pour voir de loin (« multifocalité »). Dans les deux cas, une phase de neuro-adaptation est nécessaire pour que le cerveau apprenne à interpréter correctement les informations issues du nouveau système visuel mis en place.
Presbytie : quid d’un traitement médical ?
Comme précisé plus haut, la presbytie finit toujours par se déclencher et son évolution est inéluctable. Autrement dit, cette affection ne stoppe pas de progresser avant le milieu de la soixantaine et ne peut pas s’améliorer spontanément. Il existe cependant des pistes de traitement de la presbytie sans chirurgie, mais aucun traitement médical n’est aujourd’hui approuvé en France.
Ainsi, le collyre Vuity, à base de pilocarpine, a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis en octobre 2021 pour le traitement de la presbytie. Néanmoins, en France, dans un rapport de 2023 (« Médicaments et biothérapies en ophtalmologie »), la SFO (Société Française d’Ophtalmologie) estime que les résultats de ce traitement ne sont pas à la hauteur des espérances, qu’il induit par ailleurs potentiellement des effets indésirables rédhibitoires (maux de tête, rougeurs oculaires…) ainsi que des difficultés de vision la nuit, voire uniquement en cas de faible luminosité chez les patients atteints d’un début de cataracte.