Myopie : définition, cause et opération
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MYOPIE : DÉFINITION
GÉNÉRALITÉS
La direction des rayons lumineux est modifiée lorsqu’ils pénètrent dans l’œil. Il s’agit du phénomène de « réfraction ». Quand l’œil fonctionne parfaitement, les images viennent ensuite se former exactement à la surface de la rétine, située en arrière, avant d’être transmises au cerveau. Cela nécessite une adéquation parfaite entre deux facteurs : le pouvoir réfractif de l’œil et sa profondeur. Le premier est assuré par la cornée et le cristallin, lentilles optiques naturelles. La seconde correspond à la longueur de l’œil, autrement dit la distance que la lumière doit parcourir après réfraction pour atteindre la rétine.
Certains défauts de vision apparaissent lorsque ce mécanisme complexe présente un déséquilibre. C’est notamment le cas de la myopie. Elle peut avoir deux causes principales :
- un œil trop long de quelques millimètres (cause la plus fréquente)
- ou bien un pouvoir de réfraction trop important, dû à une cornée et/ou un cristallin trop bombé (« myopie d’indice »).
Quoi qu’il en soit, les images viennent alors se former en avant et non pas sur le plan rétinien. C’est la vision lointaine qui est altérée, les objets proches étant vus de manière nette. Ce trouble visuel répandu touche environ 40% de la population française.
LES DIFFÉRENTS DEGRÉS DE MYOPIE : FAIBLE, INTERMÉDIAIRE, FORTE, SÉVÈRE…
La myopie se manifeste à des degrés divers d’un patient à un autre. Ils sont quantifiés en utilisant une unité optique appelée « dioptrie », symbolisée par la lettre D. Plus le nombre de dioptries est élevé, plus la myopie est forte. La myopie faible se définit par une myopie entre 0.5 et 3D, même si être myope de 2,5D est souvent vécu par les patients comme une myopie importante, car il existe déjà pour ce niveau une dépendance forte aux lunettes ou aux lentilles.
A des stades plus avancés, il est question de myopie intermédiaire (de 3 à 6D) ou de myopie forte (supérieure à 6D). Hormis pour les myopies d’indice, il existe un rapport direct entre la longueur de l’œil et le nombre de dioptries. La longueur moyenne est de 23,5 millimètres dans la population générale. Chaque millimètre supplémentaire correspond environ à 2,5 dioptries.
MYOPIE SUR-CORRIGÉE
Il peut arriver au cours d’un contrôle ophtalmologique pour renouvellement de lunettes que l’ophtalmologiste prescrive une correction moins forte que la précédente : c’est que le patient était sur-corrigé. En effet la myopie ne peut pas diminuer car l’œil ne peut pas rapetisser.
La vision est mesurée approximativement à l’autorefractometre, mais quand le patient passe devant cette machine, il accommode. La machine mesure donc la vraie myopie + une fausse myopie d’accommodation.
Une fois cette mesure faite, l’ophtalmologiste teste la vue avec des lunettes d’essai pour préciser la mesure. Le but de cet exercice de lecture est de détecter la fausse myopie d’accommodation et de ne pas la corriger. Quand le patient accommode beaucoup, l’ophtalmologiste peut prescrire la correction de la vraie myopie + un peu de cette fausse pathologie d’accommodation, et le patient sera sur-corrigé.
Ce n’est pas grave et ça n’abime pas l’œil, mais ça peut créer des symptômes comme des maux de tête après une journée sur écrans, car pour bien voir avec ces lunettes sur-corrigées, le patient est obligé de fournir un effort accommodatif permanent.
MYOPIE : CAUSES ET FACTEURS FAVORISANTS
Au cours du développement, l’œil grandit de l’enfance à l’âge adulte où sa longueur finit par se stabiliser. Elle est définie génétiquement et, avoir deux parents myopes augmenterait d’un facteur 7 le risque d’être atteint de cette affection.
A l’échelle individuelle la manière dont nous utilisons notre vision a peu d’impact sur son l’évolution. A l’échelle collective par contre, différents facteurs semblent influencer l’incidence de la myopie dans la population, comme la sédentarité, la faible exposition à la lumière du jour ou l’apport en sucres rapides.
La grossesse ne modifie que rarement la vision. Les modifications hormonales peuvent parfois entrainer l’hydratation de certaines structures de l’œil qui en gonflant peuvent modifier légèrement la vision. Ces modifications sont rares et quand elles existent sont le plus souvent faibles et résolutives après l’accouchement.
Comme précisé précédemment, et pour aller plus loin, certains facteurs favorisants sont aujourd’hui identifiés. Directement liés au changement de mode de vie, ils expliquent notamment l’occurrence croissante de la myopie au sein de la population mondiale, signalée en 2015 par l’Organisation Mondiale de la Santé. Des statistiques alarmantes montrent par exemple qu’aux Etats Unis, 42% des 5-19 ans sont atteints de myopie. Cela serait notamment dû à l’utilisation de plus en plus fréquente d’écrans et à l’exposition aux longueurs d’ondes qu’ils dégagent. D’autre part, certaines études mettent en avant l’importance des activités extérieures pour prévenir l’apparition de la myopie chez les enfants. Ainsi, au moins 2 heures par jour, ils devraient être exposés à une lumière naturelle. Il semble en effet que celle-ci favorise la production de dopamine, molécule qui limiterait la croissance du globe oculaire.
Même si ces différents éléments ouvrent des voies de prévention, notamment chez les plus jeunes au cours de leur développement, le traitement de la myopie n’en reste pas moins une priorité en termes de santé publique. En effet, non soignée, la myopie peut entraîner des complications graves : cataracte, glaucome, décollement de la rétine etc.
COMMENT TRAITER LA MYOPIE ?
LENTILLES ET LUNETTES
La correction via des dispositifs optiques reste aujourd’hui le traitement de la myopie le plus répandu. Il est par ailleurs pris en charge, au moins partiellement, par l’Assurance Maladie. Le processus démarre par un diagnostic réalisé chez un ophtalmologiste. Au cours de cette consultation, des mesures sont effectuées afin de quantifier la myopie et de prescrire la correction optique nécessaire.
Lentilles ou lunettes permettent alors de corriger le défaut de vision, en permettant aux images lointaines de venir se former sur le plan rétinien. Il peut néanmoins arriver que les verres prescrits ne correspondent pas parfaitement. En particulier, la sur-correction est relativement fréquente. Elle se traduit principalement par des maux de tête dus à l’effort d’accommodation permanent que doit produire le patient. Ce dernier doit alors contacter le médecin spécialiste qui prescrira des verres plus adaptés.
OPÉRATION DE LA MYOPIE PAR CHIRURGIE RÉFRACTIVE AU LASER
Il est aussi possible de corriger par chirurgie la myopie grâce à une intervention de chirurgie réfractive, notamment pour se libérer du port de lunettes ou de lentilles. Aucun remboursement n’est alors envisageable : l’Assurance Maladie considère qu’il s’agit d’actes chirurgicaux réalisés dans un simple but de confort. Une prise en charge par les mutuelles est en revanche possible.
Le principe de ces interventions repose sur l’utilisation d’un faisceau laser pour venir modifier le rayon de courbure de la cornée et donc le pouvoir réfractif de l’œil. Différentes techniques existent :
- Le Lasik consiste à travailler dans les couches profondes de la cornée.
- La méthode PKR correspond pour sa part à une intervention sur les couches cornéennes superficielles.
- Enfin, plus récente, la technique SMILE repose sur l’ablation d’une lenticule cornéenne, ceci afin d’apporter le degré de correction nécessaire.
Ces méthodes sont plus ou moins adaptées à chaque patient, notamment en fonction de son style de vie et de ses caractéristiques cornéennes. En particulier, dans les cas de cornée fine (épaisseur inférieure à 500 micromètres), la PKR, « laser de surface », doit être préférée au Lasik ou au SMILE.
Questions fréquentes sur la myopie
Qu’est-ce qu’un glaucome, complication possible de la myopie ?
Le glaucome est une pathologie grave et, si elle n’est pas prise en charge, la cécité en constitue le stade ultime. Cxette affection se traduit par une lésion progressive des terminaisons nerveuses qui relient la rétine au nerf optique.
Dans la majeure partie des cas de glaucome, cela est dû à une augmentation de la pression intra-oculaire par mauvaise évacuation de l’humeur vitrée, sorte de gel que l’organisme fabrique en permanence. Certains facteurs favorisant le glaucome sont aujourd’hui clairement identifiés, dont les fortes myopies. Mais, des antécédents familiaux, des pathologies antérieures (décollement de rétine, uvéite…), certains traumatismes ou chirurgie de l’œil, des malformations du globe oculaire ou la prise prolongée de corticoïdes en font aussi partie.
Pour traiter le glaucome, avant la chirurgie stricte, certains traitements plus légers peuvent être envisagés. Il peut s’agir d’intervenir au laser sur le trabéculum, structure fibreuse normalement en charge de l’élimination de l’humeur vitrée. Certains collyres peuvent aussi permettre d’abaisser la pression à l’intérieur de l’œil, en diminuant la production d’humeur vitrée ou en favorisant son élimination.
Néanmoins, quand le glaucome continue à évoluer malgré ces mesures, une intervention chirurgicale devient indispensable. Son but est de stopper la disparition des terminaisons nerveuses mais celles qui ont déjà disparu ne se reconstitueront pas.
L’origine ethnique a-t-elle une influence sur la myopie ?
En effet, certaines études laissent penser que l’origine ethnique a une influence. Par exemple, à Singapour, il semble statistiquement prouvé que les individus d’origine chinoise sont plus touchés que ceux d’origine indienne, eux-mêmes plus affectés que les représentants de l’ethnie malaisienne.
Plus généralement, si la prévalence de la myopie est de l’ordre de 25 à 40% dans les pays occidentaux, elle atteint des niveaux bien plus importants en Asie. Ainsi, à Singapour et Taiwan, certaines populations de jeunes écoliers sont atteintes à près de 80%.
Il semble par ailleurs que ces différences concernent les différents degrés de myopie. Par exemple, en Europe et aux Etats-Unis, environ 4,5% des individus sont atteints de myopie forte. Ce pourcentage est de l’ordre de 20% au sein de certaines populations asiatiques.
Pour autant, ces chiffres qui mettent en évidence l’importance du patrimoine génétique, ne doivent pas faire oublier les autres facteurs, comme l’utilisation de plus en plus intensive d’écrans chez les enfants, le manque d’exposition à la lumière naturelle ou la consommation excessive de sucres rapides.
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Cette page a été rédigée par le Docteur Camille Rambaud, ophtalmologue à Paris et spécialiste de la chirurgie réfractive.
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