Astigmatisme : définition, symptômes, traitement
Le plus souvent dû à une déformation de la cornée, l’astigmatisme est un défaut répandu qui rend la vision floue de près comme de loin. Il peut être pris en charge de différentes manières : verres correcteurs, lentilles de contact, chirurgie réfractive au laser ou pose d’un implant.
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ASTIGMATISME : DÉFINITION
GÉNÉRALITÉS : LE MÉCANISME ET LES SYMPTÔMES DE L’ASTIGMATISME
La cornée est un tissu avasculaire et transparent situé à la face avant de l’œil. Elle assure les 2/3 du pouvoir de réfraction de ce dernier et constitue une barrière anatomique protectrice contre les agressions du milieu extérieur.
Sa forme est schématiquement celle d’une portion de sphère, avec un rayon de courbure constant. Lorsque cela n’est pas le cas, on parle alors d’astigmatisme : la cornée ne présente plus une courbure constante mais est plutôt de forme ovale, comme un ballon de rugby.
Le patient astigmate voit alors flou de près comme de loin et, chez certains, la vision en présence d’astigmatisme peut également être déformée dans un axe. Ce trouble peut s’accompagner d’une légère fatigue des yeux et de maux de tête. Il s’agit d’un défaut fréquent qui touche 85% de la population à des degrés divers. Il peut être isolé (astigmatisme simple) mais est fréquemment associé à la myopie ou à l’hypermétropie (astigmatisme composé).
Enfin, s’il est le plus souvent d’origine cornéenne, l’astigmatisme peut aussi parfois être dû à une déformation du cristallin.
LES DIFFÉRENTS DEGRÉS D’ASTIGMATISME
Fréquemment rencontré, l’astigmatisme est cependant souvent faible et ne nécessite pas forcément de correction. Les astigmates légers ont naturellement tendance à plisser les yeux pour voir net. Ce faisant, ils exercent, avec la paupière, une pression sur la cornée. Celle-ci est alors légèrement déformée et l’astigmatisme est naturellement corrigé.
Cependant, 25% de la population est atteinte d’astigmatisme supérieur à 1 dioptrie et une prise en charge est alors nécessaire.
COMMENT VOIT UN ASTIGMATE ?
La cornée a 2 axes, un plus petit que l’autre (plus cambré), ce qui entraine la formation de deux points de focalisation de l’image. L’œil astigmate voit donc flou de loin et de près puisqu’à toutes les distances l’image est séparée en 2 focales différentes. La vision peut également être déformée dans un axe.
Les astigmates faibles peuvent entrainer une gêne minime qui ne nécessitent pas forcément de correction.
L’astigmatisme faible peut entrainer une mimique de plissement des yeux pour voir net, qui permet, par la force exercée par les paupières sur la cornée, de la déformer légèrement pour corriger l’astigmatisme.
ASTIGMATISME : CAUSES ET FACTEURS FAVORISANTS
Souvent héréditaire, ce défaut de vision apparaît dans l’enfance. Certains signes, caractéristiques de l’astigmatisme chez l’enfant, doivent donc être surveillés. Ainsi, les jeunes sujets atteints éprouvent parfois des difficultés d’apprentissage de l’écriture ou de la lecture. Ils écrivent en dehors des lignes, dessinent « de travers » et confondent certains chiffres ou certaines lettres. Les répercussions sur la scolarité peuvent être graves et la détection de l’astigmatisme chez les plus jeunes est importante. De plus, non prise en charge, cette affection, plus encore que les autres défauts de vision, est susceptible d’entraîner un mauvais développement des voies visuelles (amblyopie).
L’astigmatisme peut néanmoins apparaître plus tard, chez l’adulte. Il peut être évolutif dans le cas de certaines maladies : kératocône, dégénérescence marginale pellucide, herpès ou infection etc. Les traumatismes oculaires et certaines interventions chirurgicales (greffe de cornée, chirurgie de la cataracte…) constituent aussi des causes répandues d’astigmatisme secondaire.
ASTIGMATISME : QUEL TRAITEMENT ?
Il existe différentes voies de prise en charge de l’astigmatisme. Le choix doit être fait après examen clinique, sur la base du diagnostic et en fonction des souhaits du patient et de son mode de vie. Le devoir de conseil du praticien est à ce stade essentiel, pour choisir la solution la plus adaptée à chaque cas.
LENTILLES ET LUNETTES POUR L’ASTIGMATISME
La correction de l’astigmatisme par le port de lunettes ou lentilles est fréquente. Les verres sont toutefois délicats à réaliser : tenant compte de toutes les irrégularités de la cornée, ils ne présentent pas un degré de correction identique sur l’ensemble de leur surface. Il faut donc éviter les montures rondes, qui présentent un risque de rotation des verres et donc l’apparition immédiate d’une vision floue.
Lorsque le choix du mode de prise en charge s’est porté sur un dispositif correcteur, cela nécessite ensuite un suivi régulier et une adaptation fréquente des verres.
ASTIGMATISME : L’OPÉRATION DE CHIRURGIE RÉFRACTIVE AU LASER
La chirurgie réfractive représente un mode de prise en charge de l’astigmatisme sûr et efficace. Le principe est de venir corriger la courbure de la cornée en la travaillant au laser. Il existe pour cela 2 techniques principales, le Lasik et la PKR.
Dans les deux cas, le laser est appliqué au niveau du stroma cornéen, couche intermédiaire, située sous l’épithélium et en avant de l’endothélium. Lasik et PKR diffèrent notamment par la manière de se donner accès au stroma : soit en pratiquant une ouverture (« volet stromal ») soit en pelant délicatement l’épithélium. Le Lasik consiste par ailleurs à travailler sur les couches profondes du stroma alors que la PKR est une méthode plus superficielle.
Ainsi, le choix de la technique opératoire dépend notamment de la morphologie de la cornée du patient. Si elle est fine (moins de 500 micromètres), la PKR est recommandée.
IMPLANT PHAQUE, OU PHAKE
L’astigmatisme n’est pas toujours opérable en chirurgie réfractive laser. La pose d’un implant (implant « Phaque ») peut alors être recommandée.
L’intervention consiste à venir mettre en place, en avant du cristallin, une lentille souple, fabriquée sur mesure, qui apporte le degré de correction nécessaire. Elle est introduite dans l’œil, entre l’iris et le cristallin, enroulée, via une petite incision, pour ensuite se dérouler et se mettre en place.
Il s’agit de chirurgie « additive » : aucune structure oculaire n’est retirée. De plus, la pose d’un implant évite l’apparition de phénomènes de sécheresse oculaire, parfois observés après chirurgie réfractive au laser.
Les résultats obtenus sont majoritairement remarquables et stables dans le temps. Néanmoins, dans moins de 1% des cas, l’implant n’apporte pas la correction nécessaire et doit être retiré et remplacé par un nouveau, plus adapté.
ASTIGMATISME : L’OPÉRATION DE CATARACTE
Au cours d’une chirurgie de la cataracte, nous pourrons corriger l’astigmatisme grâce aux implants dit « toriques ».
Questions fréquentes sur l’astigmatisme
Qu’est-ce que l’orthokératologie et cette méthode peut-elle constituer un traitement efficace de l’astigmatisme ?
Les avis sont encore extrêmement partagés au sujet de l’orthokératologie et il s’agit donc d’un mode de traitement à considérer avec beaucoup de réserves. Le principe de cette méthode est de remodeler momentanément la cornée, de façon répétitive, par le port de lentilles rigides toutes les nuits, afin, en théorie, de profiter dans la journée de cette déformation induite de manière mécanique.
Les défenseurs de l’orthokératologie expliquent que ces « lentilles de nuit », faites d’un matériau rigide, agiraient comme des moules et que leur effet sur la forme de la cornée est susceptible de durer entre 16 à 18h. Selon les partisans de cette technique, elle constituerait une sorte de solution universelle, en permettant de traiter les myopes, les hypermétropes, les astigmates et même les presbytes.
Il existe cependant des contre-indications à cette méthode. Elles sont admises par tous et concernent notamment les patients atteints de maladies systémiques comme le diabète ou l’arthrite. De même, ceux dont le temps de sommeil est insuffisant (moins de 6 heures) ou qui ne dorment pas de façon régulière, doivent être écartés du protocole. Certaines formes d’allergies, un diamètre pupillaire trop important, une sécheresse oculaire sévère et des pathologies comme le kératocône, constituent aussi des contre-indications strictes à l’orthokératologie.
Enfin, sans même parler de son efficacité encore controversée, il convient au moins d’insister sur les risques qu’induit l’orthokératologie, notamment en termes d’infections, d’apparition d’ulcère de la cornée ou encore de déclenchement d’un kératocône.
Astigmatisme interne : qu’est-ce que c’est ?
Si l’astigmatisme est le plus souvent dû à la déformation de la face antérieure de la cornée (astigmatisme cornéen), ce n’est pourtant pas toujours le cas. En effet, plus rarement, ce trouble de la vision peut être induit, partiellement ou totalement, par un défaut de courbure de la face cornéenne postérieure, ou une déformation du cristallin, qu’il s’agisse de sa partie avant ou de sa partie arrière. Dans tous ces cas, on parle alors d’astigmatisme interne.
Ainsi, l’astigmatisme total correspond à la somme de l’astigmatisme cornéen et de l’astigmatisme interne. Lorsque les 2 phénomènes sont rencontrés chez un même patient, celui-ci est alors atteint d’astigmatisme « mixte ».
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Cette page a été rédigée par le Docteur Camille Rambaud, ophtalmologue à Paris et spécialiste de la chirurgie réfractive.
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