D’après l’INSEE, en 2023, l’âge moyen des femmes au moment de leur première grossesse était de 29 ans. Or, une large proportion des actes de chirurgie réfractive concerne des adultes jeunes, de 25 à 45 ans environ. Ainsi, un bon nombre de candidates potentielles à une intervention sont concernées par cette question : pourquoi ne pas subir une intervention de chirurgie réfractive pendant une grossesse ?
Stabilité de la vision : une condition essentielle à la chirurgie réfractive
Mis à part dans le cas de la presbytie, affection évolutive par nature, il serait improductif de pratiquer une intervention de chirurgie réfractive sur un patient à la vue non stabilisée. En effet, le résultat obtenu serait insatisfaisant à terme, par exemple si la myopie du sujet s’accentue après l’intervention.
Ainsi, en pratique, seuls les patients âgés de plus de 22 ans environ (croissance terminée, globe oculaire compris) et qui n’ont pas eu à changer de verres correcteurs au cours des derniers 24 mois sont généralement pris en charge.
Par ailleurs, la grossesse est susceptible de modifier temporairement la vue des patientes. C’est une explication majeure au fait qu’une chirurgie réfractive pendant la grossesse et l’allaitement est contre-indiquée.
Les variations hormonales pendant la grossesse et la modification transitoire de la vision
La grossesse entraîne de nombreux bouleversements hormonaux. Or, ils ont un impact direct sur les structures oculaires. En particulier, les fluctuations d’œstrogènes et de progestérone sont susceptibles de modifier temporairement la courbure de la cornée et son épaisseur. La réfraction de la patiente s’en trouve alors directement modifiée.
D’autre part, ces variations hormonales peuvent aussi perturber la qualité du film lacrymal et favoriser l’apparition d’une sécheresse oculaire. Cela rend alors les résultats des analyses préopératoires moins fiables et peu reproductibles.
Enfin, la pression intraoculaire peut légèrement diminuer pendant la grossesse. Cela constitue un facteur supplémentaire d’instabilité visuelle. En effet, même si cette variation reste modérée, elle peut modifier la manière dont la cornée se comporte sur le plan biomécanique et donc la façon dont elle réfracte la lumière.
Les molécules utilisées et le principe de précaution
Les molécules utilisées avant, pendant, et après une chirurgie réfractive sont diverses : antibiotiques locaux, anti-inflammatoires et anesthésiques. Or, les données disponibles sur les risques qu’induisent ces produits pendant la grossesse et l’allaitement sont limitées. Ainsi, de nombreux collyres n’ont pas d’autorisation clairement établie chez la femme enceinte, faute d’études spécifiques.
Par ailleurs, certaines de ces molécules peuvent passer, au moins en petite quantité, dans la circulation maternelle. C’est par exemple le cas de la lévofloxacine (antibiotique parfois utilisé en post-opératoire), du diclofénac (anti-inflammatoire local) ou de la lidocaïne comme anesthésique local. Cela expose alors à un risque de transfert vers le placenta ou dans le lait maternel.
Dans ce contexte, le principe de précaution doit s’appliquer. Pendant la grossesse, quand un acte médical n’est pas indispensable et qu’il implique l’usage de molécules potentiellement absorbées par voie systémique, il est préférable de le reporter. Or, une intervention de chirurgie réfractive n’est jamais urgente.
Grossesse et chirurgie réfractive : quand programmer l’opération ?
Sur ce point, les recommandations scientifiques et cliniques sont très claires. En premier lieu, il est recommandé de se faire opérer environ 3 mois avant la conception, pour laisser le temps à l’œil de cicatriser et à la vision de se stabiliser.
De plus, pendant la grossesse, la chirurgie réfractive est formellement contre-indiquée.
Et, après l’accouchement ou en cas d’allaitement, il convient d’attendre 3 à 6 mois avant de programmer un bilan et une éventuelle opération.








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